Chaque automne, le Zinemaldia, nom basque du Festival international du film de Saint-Sébastien, transforme la baie de la Concha en décor grandeur nature. Depuis 1953, ce rendez-vous prestigieux a vu défiler les plus grandes stars et les films les plus audacieux. En 2025, pour sa 73ᵉ édition, le festival garde la même ambition : être à la fois un carrefour artistique, une vitrine technologique et une scène ouverte au cinéma basque.
Du 19 au 27 septembre, la cité basque déroule le tapis rouge. L'événement ne se résume pas à une succession de projections, non. Le Zinemaldia se vit comme une symphonie d’images et de rencontres, où la magie du 7ᵉ art se décline dans toutes ses formes : fictions, documentaires, séries, mais aussi nouvelles expériences immersives.
Les stars au générique
Cette année, le Prix Donostia, la plus haute distinction du festival, sera remis à Jennifer Lawrence. L’actrice américaine, déjà couronnée d’un Oscar en 2012 pour Happiness Therapy, viendra présenter le 26 septembre son dernier film, Die My Love, réalisé par Lynne Ramsay. Aux côtés de Robert Pattinson, LaKeith Stanfield, Nick Nolte et Sissy Spacek, elle y livre une performance annoncée comme intense et troublante.
Ce prix inscrit Jennifer Lawrence dans la lignée des grands noms que Saint-Sébastien a déjà distingués, de Gregory Peck à Penélope Cruz. Une reconnaissance qui salue autant son talent que sa capacité à naviguer entre blockbusters (Hunger Games, Don’t Look Up) et cinéma d’auteur.
Le Zinemaldia n’oublie pas non plus les artisans de l’ombre. La productrice espagnole Esther García, figure incontournable du cinéma ibérique, recevra également un Prix Donostia. Fidèle collaboratrice de Pedro Almodóvar au sein d’El Deseo, elle a accompagné certains des films les plus marquants des dernières décennies. Avec elle, c’est tout le métier de producteur qui est célébré, cet art discret mais essentiel sans lequel aucun film ne verrait le jour.
Quand le cinéma joue la carte de l’innovation
Le festival se tourne aussi vers l’avenir. Depuis plusieurs années, l’initiative Zinemaldia & Technology occupe une place centrale. Elle permet de croiser les mondes du cinéma et de l’innovation, et d’imaginer les outils de demain.
Le Startup Challenge illustre parfaitement cette dynamique. Dix projets récents, venus d’Espagne et d’Europe, seront présentés le 25 septembre. Parmi eux, des solutions mêlant intelligence artificielle et création audiovisuelle : avatars 3D générés par simple scan mobile, interprètes numériques en langue des signes, recommandations personnalisées pour les plateformes de streaming. D’autres innovations vont du monitoring à distance des tournages à la fabrication d’accessoires grâce à l’impression 3D.
Ce laboratoire d’idées démontre que le cinéma ne se limite plus à la salle obscure, mais qu'il s’invente aussi dans les coulisses, entre code, capteurs et créativité.
Si le Zinemaldia brille chaque mois de septembre, il vit en réalité toute l’année. L’initiative Z365 en est la preuve : résidences pour jeunes réalisateurs (Ikusmira Berriak), concours étudiants (Nest), cycles de réflexion (Cinema and Science)… autant de formats qui maintiennent le dialogue entre recherche, création et diffusion.
Le centre Tabakalera joue ici un rôle clé. Véritable ruche créative au cœur de Donostia, il accompagne les cinéastes dans leurs premiers pas, expérimente avec les formats narratifs innovants et accueille des installations immersives. Le cinéma y sort de son cadre traditionnel pour dialoguer avec d’autres arts et technologies.
Le cinéma basque sous les projecteurs
Mais ce qui fait la singularité de Saint-Sébastien, c’est son ancrage dans le territoire. Outre son aura internationale, le festival est aussi une scène privilégiée pour le cinéma basque.
La section Zinemira, soutenue par le gouvernement basque et plusieurs partenaires, est consacrée à ces productions locales. Cette année, elle accueille treize films en lice pour le Prix Irizar du Cinéma Basque, doté de 20 000 €. Documentaires, fictions, portraits d’artistes, autant de regards qui racontent l’identité basque, ses luttes, ses musiques, ses mémoires.
Le documentaire d’Inge Mendioroz sur la chanteuse Lurdes Iriondo ouvrira la section, tandis qu’Anuska Ariztimuño clôturera avec Hombre bala, portrait du musicien Mikel Erentxun. Entre les deux, des œuvres aussi diverses que Eloy de la Iglesia, adicto al cine de Gaizka Urresti ou Arg(h)itzen, réflexion collective sur la torture, viendront enrichir le panorama.
Au total, 38 productions basques (longs métrages, courts, séries) jalonnent le programme. Certaines s’inscrivent en Sélection officielle, d’autres dans des sections thématiques comme Horizontes Latinos ou Made in Spain. Toutes rappellent que le cinéma basque, loin d’être un simple figurant, est désormais un acteur central de la scène européenne.
Un clap de fin ouvert sur l’avenir
À Saint-Sébastien, chaque édition du Zinemaldia est une mise en scène du monde. Des stars internationales, des innovations qui dessinent le futur et des œuvres locales qui nourrissent la mémoire collective.
En 2025, le festival prouve une fois de plus sa capacité à conjuguer glamour et engagement, technologie et tradition, Hollywood et Euskadi. Entre la lumière d’un Prix Donostia remis à Jennifer Lawrence et les voix singulières des cinéastes basques, c’est tout le cinéma qui trouve sa place.
Sébastien Soumagnas
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