Chaque jour, sans même y penser, nous utilisons de l’eau potable pour un usage qui n’exige pourtant aucune qualité sanitaire particulière. Les chiffres donnent le tournis : à l’échelle d’un foyer, les toilettes représentent une part considérable de la consommation d’eau. Kollect Tech pose un constat sans détour : « 20 % de la facture d’eau des foyers = les chasses d’eau. »
Au Pays basque, cette habitude a un coût bien réel. L’entreprise chiffre précisément cet angle mort de nos usages quotidiens : « 16 M€ par an au Pays Basque uniquement pour cette fonction. »
Une somme engloutie chaque année pour tirer la chasse, alors même que la ressource se raréfie et que les besoins en financement de la transition écologique, de la santé ou de l’éducation se font plus pressants.
Quand changer de toilettes devient un choix de société
Kollect Tech pousse le raisonnement plus loin et met en perspective l’impact potentiel d’un changement d’équipement à très petite échelle. « Si 1 % de la population s’équipait de Kollect Tech, plus de 180 000 € par an pourraient financer la santé, l’éducation ou la transition écologique. »
Un calcul volontairement sobre, qui, comme le souligne l’entreprise, « ne tient même pas compte des économies pour les stations d’épuration », ni « de la pression réduite sur les nappes phréatiques ». Autrement dit, l’impact réel dépasse largement la seule facture d’eau.
Longtemps associées à l’inconfort et aux contraintes, les toilettes sèches changent ici de registre. Kollect Tech revendique une nouvelle génération de sanitaires sans eau, conçus pour les usages intensifs et publics. Pas de copeaux, pas d’odeurs, pas de manipulation : l’utilisateur ne voit rien, ne sent rien et n’ajoute rien.
Automatisées, autonomes et connectées, ces toilettes déclenchent seules éclairage, ventilation, trappe, nettoyage et collecte séparative. Une expérience fluide, pensée autant pour l’usager que pour les gestionnaires, avec une maintenance réduite et une installation sans raccordement.
Au cœur de l’innovation Kollect Tech se trouve un principe clé : la séparation à la source. Urine et matières solides ne sont plus mélangées dès leur production. Une nuance technique aux conséquences majeures.
Préservée de toute contamination, l’urine conserve ses propriétés fertilisantes et énergétiques. Les matières solides, elles, peuvent être compostées ou méthanisées. Là où les toilettes conventionnelles diluent et polluent, Kollect Tech concentre et valorise.
2025, première pierre d’une filière urine locale
Cette logique dépasse désormais le simple équipement sanitaire. Kollect Tech s’inscrit dans une démarche territoriale, en lien avec le monde agricole.
« 2025 : première étape pour une filière urine territoriale », annonce l’entreprise. Un premier test a déjà été lancé : « Avec EHLG (Chambre d’agriculture du Pays Basque) nous avons lancé un test de valorisation de l’urine en biofertilisant local. » Les premiers résultats sont concrets : « 25 m³ collectés », « 6 hectares fertilisés ».
Des chiffres encore modestes, mais qui prennent une toute autre dimension lorsqu’on les replace dans le contexte territorial. « Alors que le territoire compte 125 000 hectares… nous voyons l’immense potentiel. »
La démarche commence aussi à trouver des relais institutionnels. Kollect Tech souligne que « les députés M. Dufau, M. Echaniz et Mme Capdevielle soutiennent déjà le projet ». Autre levier déterminant : « l’Agence de l’eau peut financer jusqu’à 70 % l’équipement en toilettes sèches pour les collectivités », Kollect Tech assurant ensuite « la collecte et la valorisation ». Un modèle qui combine investissement public, innovation privée et bénéfice collectif.
2026, changement d’échelle et création d’emplois
L’entreprise regarde déjà plus loin. « 2026 : création d’emplois & changement d’échelle », annonce-t-elle, avec une ambition clairement formulée : « structurer une filière locale, circulaire, sociale et durable autour de la gestion séparative des urines. »
Une filière qui touche à la fois à l’eau, à l’agriculture, à l’énergie et à l’emploi local, et qui replace un geste intime au cœur des enjeux collectifs.
En s’attaquant à l’un des usages les plus banalisés de notre quotidien, Kollect Tech rappelle une évidence : la transition écologique ne se joue pas seulement dans les grandes infrastructures ou les discours, mais aussi dans les lieux les plus ordinaires.
Changer le monde commence parfois par changer de toilettes. Et si l’écologie devait d’abord passer par là, au Pays basque, Kollect Tech a déjà ouvert la porte.
Sébastien Soumagnas





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