Certains lieux n’ont pas besoin de se réinventer pour exister : il leur suffit de respirer à nouveau. C’est le cas du Café Basque, nom déjà bien connu des amateurs de bonne chère biarrots, désormais réinstallé dans l’écrin verdoyant de l’Auberge Basque, à Saint-Pée-sur-Nivelle. Sous l’impulsion de Marion et Cédric Béchade, cette nouvelle formule du déjeuner conjugue simplicité et savoir-faire, art de vivre et générosité culinaire. Plus qu’un déménagement, c’est une respiration, un retour aux sources, une façon de « mijoter local » dans un espace pensé pour cela.
« Nous avons imaginé ce Café comme une maison ouverte qui s’adapte à l’évolution du mode de vie. Un lieu simple, vivant, sans codes rigides, où la cuisine se partage et où l’on se sent bien », expliquent Marion et Cédric Béchade, animés par une volonté de retrouver, entre deux services gastronomiques, le goût des choses franches et sans apprêt.
Du terroir dans l’assiette
Dans ce Café Basque 2.0, on ne parle pas d’entrée-plat-dessert figé, mais de grandes familles d’envies. Les intitulés mêmes de la carte font saliver : « Pour commencer la fête », « La mer », « La terre », « Le végétal », « La ferme », « Les gourmandises indispensables au plaisir ». Des assiettes à picorer, partager, recomposer selon l’envie et l’appétit. Comme une jam session en cuisine, où chacun compose sa propre mélodie.
« Avec le Café Basque, je souhaite offrir une cuisine nourricière et authentique pour le déjeuner, où chaque plat célèbre la richesse des produits locaux », précise Cédric Béchade. Ici, le végétal a son mot à dire, les produits fermiers racontent une histoire, et la gastronomie basque se réinvente dans une atmosphère conviviale, où il fait bon savourer… et discuter.
La cuisine du Café Basque, c’est celle du pays basque, certes, mais d’un pays basque ouvert, vivant, curieux de tout, respectueux du produit et de ceux qui le travaillent. On y retrouve l’élégance d’une truite marinée au piment doux, la puissance rustique d’un paleron rôti ou d’un tartare de veau fumé au foin, les envolées végétales d’un capuccino de champignons de Madiran ou d’un gnocchi à l’encre et verveine.
Côté sucré, c’est l’île flottante aux noisettes de Saint-Pée qui tient le haut de l’affiche (clin d’œil gourmand au territoire), mais elle partage la scène avec d’autres douceurs franches, comme un vacherin aux fruits rouges à la sauge, ou un mini-magnum au touron qui fond avec une désinvolture parfaitement assumée.
Un lieu de vie avant tout
Ici, la cuisine est certes travaillée, mais l’ambiance ne s’embarrasse d’aucune raideur. Le Café Basque revendique une atmosphère de grande tablée, de déjeuner partagé entre amis, de verres qui s’entrechoquent et de discussions qui s’éternisent. On s’y attable à midi, on repart le ventre plein et le cœur léger. On y passe un moment, pas simplement un repas.
« C’est une autre façon d’exprimer notre passion, plus spontanée, plus libre, mais toujours fidèle à nos valeurs : bien nourrir nos convives et respecter nos produits et producteurs », souligne le couple Béchade, fidèle à son exigence mais sans jamais tomber dans l’ostentation.
Et parce que le goût du partage ne connaît pas de saison, le Café Basque prendra une toute nouvelle dimension dès l’été 2025, avec l’installation d’une pergola bioclimatique, un four à bois, une plancha et un barbecue. Une cuisine solaire et conviviale, pensée pour les grandes tablées et les recettes sur le vif, à déguster les pieds dans l’herbe et les mains dans le pain.
Ce projet n’est pas une fantaisie de plus, mais une continuité logique d’une démarche gastronomique ancrée dans le vivant, dans le territoire, dans l’échange. Dans un monde où la restauration se standardise parfois trop vite, le Café Basque ose l’authenticité joyeuse et l’élégance accessible. Et ça fait du bien.
De la terre à l’assiette, un circuit court de convictions
Comme à la Table étoilée, la carte fait la part belle aux producteurs locaux. Les circuits courts sont la norme, pas l’exception. Le goût n’est pas une posture mais une promesse tenue, une réalité visible dans chaque assiette. Le terroir est présent, mais jamais figé. Il est le socle d’une cuisine qui évolue, s’inspire et se réinvente, sans jamais perdre sa sincérité.
Et dans l’assiette comme dans la salle, c’est la même équipe que l’on retrouve, avec cette chaleur humaine, cette discrétion complice, cette envie sincère de faire plaisir. Ce Café Basque nouvelle version est un projet de cœur, un lieu de vie, une extension gourmande de l’Auberge, une invitation à prendre le temps.
Sébastien Soumagnas
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