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HOMMAGEChristian Cancé, un sacré entrepreneur nous a quitté

Une grande figure, aussi attachante que percutante, s’en est allée. Originaire de la plaine de Nay, cet autodidacte passionné de rugby a bâti un groupe puissant et au large rayonnement.
HOMMAGE - Christian Cancé, un sacré entrepreneur nous a quitté
Christian Cancé avec son fils Bertrand.
Si le fondateur du Groupe Cancé aimait bien afficher son tempérament choc, derrière, se cachait un grand cœur et de solides valeurs. Il mérite largement les nombreux hommages qui lui sont rendus.

Christian Cancé vient de s’éteindre, à 74 ans. Le Béarn et le bassin Adour Gascogne ont perdu l’une des grandes « figures » marquantes du territoire.
 
Tombé tout jeune (et sans préparation) dans les habits du patron de l’affaire familiale, en raison de la maladie prématurée de son père, Robert, il a depuis bâti un groupe imposant de plus de 600 salariés à partir d’une spécialité : les charpentes métalliques. Le nombre de panneaux de chantiers portant sa signature illustre bien la réussite du dirigeant nayais qui, avec son humour décapant, se disait volontiers « ancien élève d’HEC Nay… hautes études communales, bien entendu ».

Il y a 20 ans, des confidences très parlantes…

En guise d’hommage, nous reprenons ici ce que Christian Cancé nous confiait sur sa saga entrepreneuriale. Il se félicitait alors d’une progression spectaculaire : le groupe avait doublé tous les 5 ans, ce qui était tout à fait exceptionnel, et avait encore progressé de +20% en 2005, dépassant les 75 millions d’euros de chiffre d’affaires. Son rayonnement s’était étendu avec de multiples implantations en Auvergne, à Tours, à Narbonne, à la Réunion et aux Antilles, notamment.
 
« Aujourd’hui nous avons décidé de stabiliser le groupe, en renforçant toutes les nouvelles implantations créées ces dernières années » précisait Christian Cancé qui n’hésitait pas à insister sur les conséquences des trop forts coûts de production en France (déjà !). « Sur 13.000 tonnes de matériaux livrées en 2005, il faut savoir que 5.000 sont fabriquées à Nay, 5.000 au Portugal et 3.000 ailleurs ».
 
L’entreprise restait fortement implantée à Nay grâce à ses performances en matière de qualité et de sécurité (le Bureau d’études comprenait alors 35 personnes) ; grâce aussi à sa très grande réactivité. « Nous devons être champion du monde des délais » ajoutait le chef d’entreprise.

La passion du rugby, de père en fils

Quand on abordait l’ovalie, les yeux de Christian Cancé pétillaient encore plus intensément. « J’ai toujours vécu dans le rugby. En jouant au poste de demi de mêlée quand j’étais maigrelet (je n’ai jamais été très bon, mais heureusement, je le savais !), et surtout en m’occupant de ce sport à Nay ». 
 
Les anecdotes fusaient alors à une vitesse infernale : les débuts du rugby à Nay avec son père, le tournoi international cadets, la culture rugby et son poids dans l’entreprise… 

Inspirés par Bénéjacq qui avait créé une équipe de rugby à 8 pour la saison 1966/67, 3 gamins se mettaient alors dans la tête de tenter l’aventure chez eux. René Malterre, Jean Bernard Peyras et Christian Cancé (14 ans) ont alors pris le car jusqu’à Pau pour chercher les informations auprès de l’Ufolep. Mais, au moment crucial de l’inscription, un problème essentiel surgit : « Il vous faut impérativement un dirigeant », leur assène-t-on. 
 
Ils avaient tout prévu, sauf cette question. « Je ne me suis pas dégonflé » se souvenait Christian Cancé qui répondait aussitôt : « Si. On a un dirigeant : mon père ! ». Bien sûr, Robert Cancé n’était pas au courant. Il ne restait plus qu’à lui vendre l’idée à peine rentré de Pau… C’est ainsi que naquit le rugby à 8 puis à 15 dans la cité nayaise.
 
Robert Cancé, homme de passion, s’est rapidement pris au jeu et a consacré une grande partie de sa vie aux jeunes, au point de finir par s’occuper davantage des cadets que de son entreprise. Même sur son lit d’hôpital à Villejuif, il continuait à prendre des nouvelles de « ses » cadets, mais aussi du rugby et de la Section Paloise. Rien d’étonnant que le superbe tournoi international des cadets, à Nay, porte son nom.
 
Il y a 20 ans, le groupe Cancé vivait déjà largement au rythme du rugby, que ce soit pour l’organisation de ce tournoi ou comme partenaire de différents clubs. Il soutenait, bien entendu, l’US Coarraze-Nay, mais aussi la Section Paloise et des équipes dans d’autres villes et villages où l’entreprise est implantée. Plusieurs collaborateurs jouaient également au rugby ou encadrent des jeunes dans les clubs, comme la standardiste qui entraînait des poussins. 

Les commerciaux, comme les deux premières lignes

Christian Cancé aimait faire des parallèles entre l’entreprise et le rugby. « Quand on demande aux gens quels postes occuperaient les commerciaux, si l’entreprise était une équipe de rugby. Ils répondent en général les 3/4. Parce que, d’après eux, ils font les beaux, ils sont chouchoutés, ils vont au restaurant… En fait, les commerciaux constituent la 1ère et la 2ème ligne. C’est eux qui vont chercher les ballons et qui reçoivent les coups. Ils en prennent plein la tête. Ce sont des postes ingrats et difficiles, indispensables pour la réussite de l’entreprise ».
 
Autre anecdote, le patron nayais se souvenait d’une visite de chantier pour un litige à Bordeaux. « Un petit costaud a commencé à insulter le commercial qui m’accompagnait, sans véritable raison. Et, il en rajoutait devant son manque de réaction. Je me suis alors avancé. J’ai montré les dents. Il s’est tu ». Dans la voiture, Christian Cancé a ensuite engagé la conversation avec son commercial (un champion d’aviron) : « Je ne comprends pas pourquoi tu ne lui en colle pas une » - « Je n’ai jamais donné une giffle à quelqu’un. Je ne sais pas ce que cela donnerait » - « Dommage que tu ne fasses que de l’aviron. Si tu avais joué au rugby, tu aurais vu qu’on a le droit de se défendre, que l’on ne doit jamais s’échapper. Il faut savoir se faire respecter. Si quelqu’un agresse l’entreprise, il faut la défendre ».
 
La culture du combat que l’on apprend en pratiquant le rugby était essentielle aux yeux de ce dirigeant au fort tempérament qui reprenait aussi l’image des mêlées. « Par moment, il faut savoir relever la mêlée si l’on se fait « piquer » le ballon. Si on n’a plus de ballon, on ne peut plus jouer et on est sûr de perdre le match… ».
 
Pour autant, Christian Cancé n’était pas un fervent partisan de la culture unique. « Les 14/15 ans qui ont pratiqué un autre sport avant le rugby lèvent plus facilement la tête. Ils ont une vision panoramique du jeu. Inversement, certains jeunes « anciens » du rugby n’ont appris qu’à foncer, et ils foncent ».
 
L’art tenait aussi sa place régulièrement au sein de cette dynamique entreprise qui n’oubliait jamais de s’ouvrir vers l’extérieur et de participer à la vie locale.
 
 
Nous transmettons à son épouse, Suzy, à son fils, Bertrand, et à toute la famille nos plus sincères et amicales condoléances.
 
Les obsèques de Christian Cancé seront célébrées le jeudi 4 septembre (15h) à l’église Saint-Vincent de Nay.

 
Informations sur le Groupe Cancé
 

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