Dans les Landes, le surf ne se pratique pas, c'est un mode de vie, il se respire. Des dunes de Seignosse aux baïnes de Capbreton, chaque plage semble taillée pour la glisse. Berceau de champions, théâtre d’épreuves mythiques comme le Quiksilver Pro France, ce territoire a longtemps été une place forte de la World Surf League (WSL). Mais ces dernières années, la houle institutionnelle s’est faite plus timide. Après la disparition de la manche d’Hossegor en 2022, c’est le Rip Curl Pro d’Anglet qui, en septembre 2025, tire à son tour sa révérence. Faute de financements suffisants pour passer au format QS 4000, l’événement a dû annuler sa montée en gamme.
Un désengagement qui résonne comme un coup de rame à contre-courant. Pourtant, la passion est intacte, sur la côte comme dans les cœurs. Et le retour d’un événement WSL sur les plages landaises, qui s'est déroulé du 3 au 5 juillet à Capbreton, prouve que les lignes peuvent encore bouger.
Un engagement local pour relancer la dynamique
S’il fallait une image pour symboliser la résilience du surf landais, ce serait celle de la plage du Santocha. Cette bande de sable légendaire, balayée par les vents de l’Atlantique, a de nouveau accueilli le gratin des moins de 21 ans venus de toute l’Europe. Le Quiksilver & Roxy Junior Pro Capbreton, seule étape française du Junior Tour WSL 2025, a permis à 64 garçons et 32 filles de se confronter dans un cadre aussi exigeant qu’authentique. Un swell d’émotions et de promesses.
Parrainé par Miky Picon, icône du surf tricolore et mentor de la team Quiksilver, l’événement n’a pas déçu. Ambiance conviviale, public enthousiaste, météo favorable : la compétition a tenu toutes ses promesses. Et pas seulement sur les vagues.
Cependant, si cette étape a pu voir le jour, c’est grâce à une mobilisation conjointe. Le Département des Landes, la commune de Capbreton et la communauté de communes MACS ont uni leurs forces, et leurs financements, pour offrir aux jeunes surfeurs un tremplin vers le haut niveau. Une subvention de 15 000 euros a permis à la WSL de revenir poser ses valises dans le sud des Landes, trois ans après sa dernière apparition.
Pour Xavier Fortinon, président du Conseil départemental, ce retour est tout sauf anecdotique : « Le Junior Tour est le tremplin vers le championnat professionnel. En soutenant son organisation ici, dans un territoire qui incarne le surf à l’échelle mondiale, nous faisons le pari de la jeunesse, de la performance et de l’avenir. » Une vague de fond que rien ne semble pouvoir freiner.
Deux wild cards, deux rêves éveillés
Le soutien ne s’est pas limité aux infrastructures. Deux jeunes Landais, Ethan Fernandez (13 ans) et Lee Ann Boudine (15 ans), ont été propulsés sur la scène européenne grâce à des invitations spéciales, les fameuses "wild cards". Attribuées via un partenariat entre Quiksilver, Roxy, le Département et la Fédération Française de Surf, ces sésames leur ont permis de goûter à l’élite.
Lee Ann, impressionnante de maturité, a passé un tour avant de s’incliner en quarts face à Carla Morera de la Vall, future lauréate féminine. Ethan, quant à lui, a dû s’incliner dès le 3e tour, contre un certain Conor Donegan Santos, futur vainqueur masculin. Mais pour tous deux, l’expérience est inestimable.
Au-delà des performances individuelles, le Junior Pro Capbreton a envoyé un message clair : les Landes sont prêtes à redevenir un acteur fort du circuit mondial. Et l’événement n’a pas oublié d’embarquer tout le monde dans son sillage. Ramassage collectif avec Océan 52, sensibilisation environnementale avec Save the Mermaid, concerts, projections, fête des 50 ans du Santocha Surf Club… La glisse était partout, mais le fond aussi.
La ville de Capbreton, fière de son engagement, n’a pas manqué de saluer l’impact du rendez-vous : « Les meilleurs jeunes surfeurs et surfeuses de moins de 21 ans, venus de toute l’Europe, se sont retrouvés dans notre cité marine pour tenter de décrocher leur place aux finales mondiales en fin d’année. » Et d’ajouter : « Ce fut l’occasion idéale de venir découvrir la relève du surf professionnel. »
De la houle pour demain ?
Alors que la France peine à garder sa place dans l’élite WSL, Capbreton trace sa propre ligne. En soutenant les jeunes, en valorisant ses spots, en tissant des partenariats solides, la cité marine donne corps à une ambition plus large : voir revenir, un jour peut-être, une compétition majeure sur ses plages.
Les discussions seraient déjà engagées. Le maire évoque une possible étape d’envergure à l’automne, comme au bon vieux temps du Quik Pro, selon nos confrères d'Ici. Rien n’est officiel, mais l’envie est là. Et l’ancrage local pourrait bien faire la différence.
Entre l’annulation du Rip Curl Pro d’Anglet et le retour du Junior Pro à Capbreton, le surf français vit une période de transition. Mais dans les Landes, la glisse reste une boussole. En misant sur la jeunesse, en retissant les liens avec la WSL, et en ancrant ses événements dans une logique durable et collective, le Département montre qu’il ne surfe pas que sur les vagues, mais aussi sur les valeurs.
La suite s’écrira peut-être dès 2026, avec une nouvelle étape QS, voire plus ? En attendant, les planches sont fartées, les combis enfilées, et les regards tournés vers l’horizon. La prochaine série approche.
Sébastien Soumagnas
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire