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Mont‑de‑Marsan s’embrase au son du 36e Arte Flamenco

Du 30 juin au 5 juillet, de grandes figures comme Manuela Carrasco, Eva Yerbabuena ou encore Israel Fernández sont invitées à dialoguer avec l’art et la mémoire
La chanteuse Alba Carmona se produira au CaféMusic
Arte Flamenco DR
Cette année, l’affiche signée Miquel Barceló et les “Cahiers d’Arte Flamenco” dressent un pont brûlant entre Méditerranée, scène et papier
Le guitariste d'Almeria Niño Josele proposera un concert où le flamenco se transforme et voyage entre tradition et modernité
Juan Haran Martin DR

C’est un peu comme si l’Espagne avait posé ses tablas et ses palmas sur les berges du Midou. Pour sa trente-sixième édition, le Festival Arte Flamenco répand un parfum andalou dans les rues de Mont‑de‑Marsan. L’inauguration retentira le 30 juin avec la puissance vibrante du Ballet Flamenco de Andalucía. Patricia Guerrero, figure primée du flamenco contemporain, prend la vedette avec un hommage vibrant au drame lorquien de Mariana Pineda. Ainsi, le coup d’envoi se danse et se ressent, presque comme un écho de Goya en mouvement.

« C’est un événement dans l’événement. Pour la 36e édition du Festival Arte Flamenco, c’est le peintre Miquel Barceló qui a réalisé l’affiche… Il le dit à sa manière puissante, sauvage, expressive… », confie l'organisation du festival, soulignant le lien intime entre l’art visuel et le geste flamenco. Sa célébration s’étend tout au long de la semaine avec une enfilade de figures incontournables du baile qui promettent des soirées écorchées, sensuelles, profondément ancrées dans une tradition revisitée.

Des pépites jazz-flamencas au CaféMusic

Le flamenco ne se limite pas aux claquements de talons et aux agréments théâtraux. Cette année, le festival investit le CaféMusic pour y faire refléter les étoiles du flamenco électro : La Tremendita achève la transmutation des guitares en nappes minimalistes, avant une soirée DJ ibérique, « pont entre France et Espagne », qui promet de déambuler du compás historique aux sons contemporains.

C’est une initiative audacieuse qui reflète, selon Lionel Niedzwiecki, le caractère du festival : « Le Festival Arte Flamenco, c’est une danse des âmes et des corps, un souffle qui s’élève et se déploie… un espace singulier où chacun devient spectateur parmi les spectateurs… »

En fin de semaine, l’esplanade du Midou se transforme en tablao à ciel ouvert. Les peñas landaises, enracinées comme des chapels, animent la clôture avec une soirée d’anthologie danse-embrasée. La scène du Village, elle, offre un pont entre les terres ibériques et la culture flamenca made in France, notamment grâce à Helena Cueto, Los Bolecos, et un hommage poético-musical aux passerelles entre Utrera et Marseille.

Un flamenco qui pense, un festival qui écrit

Au-delà du spectacle, Arte Flamenco prend la plume. Les Cahiers d’Arte Flamenco naissent cette année pour prolonger la flamme. « En 35 ans, on a publié deux livres. Et depuis, plus rien… Nous devions garder une trace », explique Lionel Niedzwiecki au site du département des Landes. Il s’agissait de créer un bel objet qui ne soit pas un catalogue, mais une création. Textes, photos, entretiens… les cent cinquante pages se veulent  ce que le flamenco exprime quand la lumière s’éteint. Le Festival ne se contente pas de briller par les guitares et les robes à volants : il transmet, écrit, ouvre des dialogues entre artistes, écrivains et photographes.

Israel Fernandez, chanteur de flamenco romani espagnol
Carlos Reverte DR

Dans les coulisses, le festival déploie aussi un riche programme de médiation : stages de baile ou guitare menés par les professeurs de la Fondation Cristina Heeren, initiatives auprès des écoles, des hôpitaux ou des résidences Alzheimer. Les rencontres, conférences, tables rondes et projections tissent un maillage qui donne voix aux artistes et au public, jeunes et moins jeunes.

Du 30 juin au 5 juillet, Mont‑de‑Marsan vibrera, respirera et pensera flamenco. Le Festival Arte Flamenco compose un équilibre délicat entre tradition et audace, spectacle et réflexion, explosion émotionnelle et sophistication artistique. Entre scènes officielles, cafés branchés et soirées improvisées, le temps d’une semaine, le public danse, écoute, apprend et s’immerge dans un univers où chaque note, chaque pas, chaque photo devient un acte de culture, une déclaration d’amour à l’Espagne.

C’est, selon Lionel Niedzwiecki, un lieu « où les artistes réunis auront à cœur de faire vibrer cette communauté… » et où les spectateurs, jeunes ou âgés, passionnés ou curieux, se fondent dans un même battement de flamenco.


Sébastien Soumagnas

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