Dans l’économie locale, il y a ce que l’on voit… et ce qui ne fait pas de bruit. Au Pays basque, 94 % des entreprises comptent moins de dix salariés. Un tissu de très petites entreprises, solides sur leurs appuis, souvent enracinées dans le territoire, mais rarement sous les projecteurs. C’est à elles que s’adresse aujourd’hui un concours inédit porté par la CCI Bayonne Pays Basque : les Makilak de l’économie.
Plus qu’une distinction, ces Makilak sont un coup de projecteur assumé sur celles et ceux qui tracent leur propre route dans un environnement économique toujours plus complexe, bousculé par les transitions écologiques, numériques, managériales ou les remous géopolitiques mondiaux.
Le 5 juin, à l’occasion d’une grande soirée de remise des prix au CCI Bayonne Pays Basque, six trophées seront remis à des entrepreneurs de l’agglomération et du Pays basque intérieur. À la clé : un makila gravé, un reportage vidéo signé TVPI et un chèque de 2 000 €, offerts par les partenaires du concours. Mais surtout, une reconnaissance du territoire pour leur engagement, leur audace et leur capacité à ouvrir la voie.
Un concours pour guider, inspirer… et fédérer
Le nom choisi n’est pas anodin. Le Makila, bâton de marche traditionnel basque, est ici érigé en symbole du chemin à tracer, de la persévérance et de la transmission. Derrière le projet Makilak, il y a l’envie de changer le cadrage, de mettre au premier plan les entreprises locales qui font avancer la collectivité. « Nous avons eu la volonté de créer un événement pour les entrepreneurs d’ici et par les entrepreneurs d’ici. Nous avions envie de montrer quelque part un autre visage peut-être plus réaliste, plus fidèle à ce qu’est l’économie locale », explique Christelle Rodet, chargée de missions & relations publiques à la CCI Bayonne Pays Basque.
Un esprit que partage André Garreta, président de la CCI Bayonne Pays Basque, qui rappelle que « le Pays Basque est reconnu pour sa fibre entrepreneuriale, ses nombreux savoir-faire. On a souhaité reconnaître les talents, les initiatives. C’est ce qu’on a apporté à la CCI avec ce concours ». Une volonté de célébrer « des sociétés qui ne font pas de bruit, mais qui progressent loin des flashs médiatiques », dans un contexte où, poursuit-il, « la transition écologique, le numérique, les règles du commerce mondial ou encore les effets de la conjoncture géopolitique rendent plus difficile le maintien du cap ».
Six Makilak seront remis à l’issue d’un processus de sélection rigoureux. Les catégories ont été pensées pour refléter les enjeux contemporains : jeunes pousses prometteuses, entreprises éco-responsables, binômes engagés dans l’inclusion du handicap, projets ancrés dans la fabrication locale, commerces ou structures touristiques à fort impact client, sans oublier le fameux Makila « Coup de cœur », qui saluera une trajectoire particulièrement inspirante.
À cela s’ajoutera un Prix du public, voté en direct le soir de la cérémonie, parmi les douze nominés non lauréats. Un suspense entretenu jusqu’au bout, et surtout, une manière d’impliquer les citoyens et le tissu économique local dans cette dynamique de valorisation.
Des valeurs partagées : inclusion, innovation, responsabilité
Avec les Makilak, la CCI a aussi voulu incarner des engagements : pour le territoire, pour une économie durable, pour la responsabilité sociétale. « C’est un engagement pour le territoire, pour l’innovation, l’inclusion, la responsabilité sociétale, la coopération et la préservation de la planète, qui sont des fondamentaux qui rassemblent les partenaires des Makilak », souligne André Garreta. Et c’est justement en s’appuyant sur les réalités locales, que la CCI a voulu créer du sens.
Parmi les six catégories du concours, on retrouve notamment le binôme Handi Trophée. Une distinction importante, qui met en lumière les entreprises ayant fait le choix d’intégrer ou de maintenir dans l’emploi des personnes en situation de handicap. « Ce sont souvent de très belles histoires avec des témoignages de dirigeants qui, en fait, illustrent que souvent les personnes en situation de handicap amènent une valeur ajoutée qui parfois, peut être un élément pas commun dans la vie habituelle d’une entreprise, mais tout aussi riche », commente Jon Arizmendi, directeur du développement économique à la CCI Bayonne Pays Basque.
Le succès d’un tel événement repose aussi sur un écosystème de partenaires partageant les mêmes valeurs : innovation, inclusion, engagement territorial, responsabilité sociétale. Chaque Makila est parrainé par un acteur économique investi.
Ainsi, EDF accompagne le Makila « Éco-responsable » en lien avec ses engagements en matière de transition énergétique. Le Département des Pyrénées-Atlantiques soutient le « Binôme Handi-trophée », pour valoriser les pratiques inclusives. Le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne s’associe au Makila « Le Spot », dédié aux initiatives commerciales et touristiques responsables. SOGECA, cabinet d’expertise comptable implanté localement depuis plus de 40 ans, parraine le Makila « Made in Pays basque ». La Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes soutient le Makila « Jeune Pousse », et la CCI conserve pour elle-même le Makila « Coup de cœur ». Enfin, l’APEC parraine le Prix du public.
Faire rayonner les entreprises basques
Ce qui distingue les Makilak d’un concours économique classique, c’est aussi leur regard sur les petites entreprises, souvent invisibles. « La finalité même de cet événement c’était de mettre à l’honneur plutôt des petites entreprises parce que c’est la réalité de notre tissu économique mais aussi parce que ce sont des petites entreprises qui ne sont pas toujours sous le feu des projecteurs », ajoute Jon Arizmendi.
Les candidatures ont afflué dès le lancement du concours. Parmi elles, beaucoup d’acteurs discrets mais performants, parfois même des leaders dans leur niche à l’échelle nationale. « La majorité des établissements qui sont candidats aujourd’hui sont méconnus du grand public et pourtant, parfois, nous avons des pépites sur des niches ou sur des trajectoires, même parfois dans des marchés nationaux alors qu’ils sont ici localisés au Pays Basque », précise le directeur du développement économique. Autant d’exemples à suivre, de récits inspirants, qui montrent qu’on peut entreprendre ici, avec succès. « C’est toute la philosophie des Makilak, le fameux bâton de marche pour qu’ils puissent un peu incarner et montrer le chemin, en tant qu’ambassadeurs pour le reste du tissu économique local », poursuit-il.
Une mise en lumière durable
Le 5 juin, en lieu et place de la CCI Bayonne Pays Basque, les 6 lauréats recevront leur makila, symbole de leur chemin parcouru et de celui qu’ils continueront à tracer. Un septième prix sera également remis : le Prix du public, désigné en direct parmi les 12 entreprises finalistes qui n’auront pas été récompensées. « Lors de la soirée de remise des prix du 5 juin, les nominés qui n’auront pas été lauréats auront encore une chance d’être mis en valeur avec un prix du public qui sera fait en direct », confirme Christelle Rodet.
Et pour prolonger l’impact de ce concours, chaque lauréat fera l’objet d’un reportage télévisé. « Les six lauréats auront un reportage qui sera réalisé par TVPI, avec qui nous allons faire en sorte de mettre en avant ces entrepreneurs sur toute la suite de l’année », indique-t-elle. Une manière de prolonger la visibilité et de faire rayonner leur parcours au-delà de la soirée.
Si les Makilak ont pu voir le jour, c’est grâce à un collectif. Celui des parrains, élus, entreprises partenaires, qui ont uni leurs forces pour soutenir cette initiative. « Les parrains et les élus sont rentrés dans cette communauté de gens qui ont envie de défendre le territoire, qui défendent à la fois une vision de l’économie locale, vraiment ancrée dans son identité, mais aussi dans la pérennité et dans le développement économique durable », poursuit Christelle Rodet.
Et le président de la CCI de conclure : « En tant que chef d’entreprise, siégeant à la CCI, et représentant les intérêts de 26 000 établissements du territoire, nous avions envie de créer un événement pour mettre en lumière les entrepreneurs d’ici, les TPE, PME, dont on ne parle pas souvent, mais qui relèvent chaque jour de nouveaux défis qui, nous le pensons, peuvent inspirer, guider les autres et leur montrer peut-être le chemin. »
Sébastien Soumagnas
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