Dans les campagnes du Sud-Ouest, une révolution silencieuse est à l’œuvre. Ici, les agriculteurs ne se contentent plus de cultiver : ils régénèrent. Face aux défis du changement climatique, à la pression sur les ressources et à l’appauvrissement des sols, de nouvelles pratiques s’implantent peu à peu. L’agriculture régénératrice, qui vise à restaurer la fertilité des terres, favoriser la biodiversité et capter le carbone, sort désormais des carnets de recherche pour se déployer dans les exploitations.
Ce mouvement, longtemps porté par quelques pionniers, bénéficie aujourd’hui d’un véritable coup d’accélérateur. Comme le dit le mot d’ordre de la nouvelle antenne Ohé la Terre : « un coup d’accélérateur à l’agriculture régénératrice dans le Sud-Ouest, avec le fonds de dotation Ohé la Terre ». Et dans cette dynamique, Maïsadour joue un rôle moteur.
Semer des idées pour récolter du vivant
Créé en 2020 par des administrateurs de la coopérative vendéenne CAVAC, le fonds de dotation Ohé la Terre est né d’une conviction simple : la biodiversité est un bien collectif à protéger, et l’agriculture a un rôle clé à jouer dans ce chantier. L’idée a germé lors d’un trajet en covoiturage vers Paris, où Jean-Marie Gabillaud et plusieurs collègues ont réalisé qu’ils partageaient la même urgence d’agir. Trop ambitieux pour une fondation, mais trop vital pour être repoussé, le projet a pris racine sous la forme d’un fonds de dotation.
Depuis, Ohé la Terre n’a cessé de croître. Convainquant une dizaine de mécènes, souvent extérieurs au monde agricole, le fonds a pu investir rapidement dans des actions concrètes : semis de couverts mellifères, plantations d’arbres à coques, restauration de haies, sursemis de trèfle dans les prairies. Autant de gestes qui, cumulés, redessinent les paysages et réinventent le rôle de l’agriculture comme alliée de la biodiversité.
« Notre ambition est de donner un coup de pouce aux agriculteurs pour oser franchir le cap des pratiques régénératrices et rendre cette transition concrète, mesurable et partagée sur les territoires », explique Jean-Luc Poisson, chargé de l’animation et du développement du fonds. « Notre ambition est de sécuriser la prise de risque des agriculteurs qui souhaitent faire évoluer leurs pratiques et mettre en place des actions en faveur de la biodiversité et des sols vivants. À terme, c’est plus de biodiversité donc plus de résilience, mais également la protection du potentiel de production ».
Des racines vendéennes aux terres du Sud-Ouest
Avec l’ouverture de sa nouvelle antenne en Nouvelle-Aquitaine, Ohé la Terre change d’échelle. Son ambition est claire : accompagner les producteurs de grandes cultures comme les éleveurs vers des pratiques plus vertueuses, en les aidant financièrement mais aussi humainement.
Car la transition régénératrice ne se décrète pas, elle s’accompagne. Et Ohé la Terre a bâti une gouvernance solide pour assurer son efficacité. Un Comité stratégique territorial, composé de mécènes, définit les priorités d’action et les modalités de soutien. Un comité de pilotage pluridisciplinaire, rassemblant agriculteurs, scientifiques, acteurs économiques et associatifs, veille à ce que chaque projet soit cohérent et adapté.
Les projets soutenus vont de l’implantation de haies à la plantation d’arbres, en passant par le choix de couverts techniques et mellifères ou encore l’optimisation des rotations. Un appui pédagogique est aussi prévu, via des formations et ateliers permettant aux agriculteurs d’apprendre ensemble et de s’approprier ces nouvelles pratiques.
Maïsadour : coopérative et catalyseur
C’est dans ce contexte que Maïsadour a choisi de s’engager résolument. Pour trois ans, la coopérative va soutenir le fonds Ohé la Terre à hauteur de 150 000 €, tout en mettant à disposition ses équipes techniques et agronomiques. Loin d’un simple soutien financier, il s’agit d’un véritable compagnonnage, où experts et techniciens accompagneront les agriculteurs dans la mise en œuvre de leurs projets.
« Notre ambition est d’offrir un véritable tremplin à celles et ceux qui veulent régénérer leurs sols et renforcer la biodiversité, sans supporter seuls le risque économique du changement », affirme Pierre Harambat, Président délégué de Maïsadour.
Cet engagement s’inscrit dans la stratégie AMBITION 2030 de la coopérative, dont le premier pilier repose sur une ambition agroécologique et environnementale. Pour Maïsadour, soutenir Ohé la Terre, c’est donc à la fois affirmer son rôle de coopérative engagée et prolonger sa mission, à savoir accompagner les agriculteurs dans leur évolution vers des systèmes plus résilients.
L’association entre Maïsadour et Ohé la Terre se veut le germe d’une coalition territoriale. L’idée est simple : fédérer d’autres entreprises du Sud-Ouest autour du fonds de dotation, en les invitant à devenir mécènes.
Comme le résume Jean-Luc Poisson : « Ohé la Terre s’inscrit pleinement dans les démarches RSE des entreprises, en leur offrant l’opportunité d’agir localement pour la biodiversité, le bien-être animal et le stockage de carbone. Mieux encore, nous proposons de sensibiliser et d’impliquer leurs collaborateurs à travers des ateliers et des actions de terrain. »
Pour les entreprises, l’engagement est gagnant-gagnant : réduction fiscale, ancrage territorial renforcé, mobilisation des équipes et, pour celles liées à l’agroalimentaire, sécurisation de leur propre avenir en soutenant une agriculture durable. La participation à des actions concrètes, comme la plantation de haies, la mise en place de couverts mellifères ou encore la création de mares, permet en outre de rendre tangible l’impact de leur engagement.
« Une démarche collective »
« C’est une démarche collective, nous voulons initier une dynamique dans le Sud-Ouest pour que chaque agriculteur, qu’il soit adhérent de Maïsadour ou non, puisse se projeter sereinement vers des pratiques plus vertueuses », souligne Laetitia Domange, Directrice Développement de Maïsadour et Responsable Animation Territoire Sud-Ouest du fonds.
Ce collectif, c’est la vraie force de l’initiative. Car l’agriculture régénératrice demande du temps et de la persévérance. Les résultats, à savoir le retour des oiseaux, l'augmentation de la biodiversité ou encore l'amélioration de la structure des sols, ne se mesurent pas en quelques mois, mais bien en années. Pour tenir la distance, les agriculteurs ont besoin de soutien, de reconnaissance et de moyens. Avec Ohé la Terre et Maïsadour, ils trouvent désormais un terreau fertile où planter leurs projets.
Dans les champs du Sud-Ouest, le futur se dessine en vert. Plantation après plantation, couvert après couvert, les agriculteurs apprennent à voir la biodiversité non comme une contrainte, mais comme une richesse. Et derrière eux, une coalition d’acteurs économiques sème les graines d’un modèle agricole plus respectueux, où la fertilité des sols et la résilience des territoires deviennent des biens communs.
Ohé la Terre l’affirme : il s’agit de « penser loin et d’agir maintenant ». En rejoignant cette dynamique, Maïsadour ne fait pas qu’accompagner une évolution : elle l’enracine.
Sébastien Soumagnas
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