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EHZDes racines et du son avec Fermin Muguruza et Errobi

Du 28 au 30 juin, sur ses terres d’Arberatze, le festival accueillera ces deux monstres sacrés de la scène basque pour un week-end qui s’annonce mythique
Tout un territoire se mobilise pour Euskal Herria Zuzenean !
EHZ DR
Une édition tournée vers la terre, la transmission, et les luttes qui chantent haut et fort un Pays basque vivant, pluriel et indomptable
EHZ défend la culture basque, vivante, plurielle et inaliénable
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À Arberatze, le week-end du 28 au 30 juin, les collines d’Amikuze attendent de pied ferme les vibrations des futures amplis. Depuis 2023, le festival Euskal Herria Zuzenean a posé ses valises militantes dans cette campagne verdoyante, pour mieux s’enraciner dans un territoire où la culture n’est pas folklore de vitrine, mais engrais de vie. EHZ, c’est une parcelle d’utopie qui prend forme chaque été au rythme de la terre, des concerts et de la solidarité.

Loin des grosses machines de l’événementiel, le festival basque revendique son ancrage local et son fonctionnement autogéré. Ici, pas de sponsor tape-à-l’œil ni de billetterie hors de prix. EHZ sème à la main et récolte à cœur ouvert : en 2024, près de 12 000 personnes ont foulé les prairies d’Arberatze, prouvant que l’engagement peut encore faire bouger les foules.

La terre comme socle, la culture comme bien commun

Le thème de la terre choisi cette année en dit long sur les préoccupations du collectif organisateur. La terre est ici pensée comme un bien commun, à entretenir et à partager, à l’image de la culture basque que le festival défend : vivante, plurielle, et surtout, inaliénable.

À contre-courant du marketing galopant, EHZ reste fidèle à sa boussole : enterrer les logiques de capitalisation et cultiver du lien, du vrai. Dans les stands, les conférences, les concerts, les artistes et les paysans se retrouvent, discutent, inventent. Tout un territoire se mobilise. À EHZ, l’engagement n’est pas un mot creux, mais une pratique concrète. Le moindre sandwich raconte une histoire de coopérative ou d’agriculture paysanne.

Côté programmation, pas question de s’enfermer dans les clichés. EHZ fait le pari de la diversité : du punk abrasif de W!zard aux sons métissés de Queer Falafel, en passant par l’électro cosmopolite de Radio Byzance ou le rock sans concession de Maskak. Une scène basque riche, effervescente, traversée par le souffle du monde.

Des artistes comme Marte Lasarte ou Auhen témoignent de la vitalité d’une création locale qui ne cesse de se réinventer. Deux scènes accueilleront cette programmation foisonnante, dans un écrin naturel où les collines servent de gradins et les étoiles de plafond.

Mais cette année, deux noms font battre le cœur du festival un peu plus fort.

Muguruza, le chant de toutes les luttes

C’est un retour qui a des allures de retrouvailles : Fermin Muguruza, figure tutélaire de la scène basque, rebranchera son micro sur la scène d’EHZ. Celui qui fut la voix de Kortatu puis de Negu Gorriak revient dix ans après son dernier passage au festival. Entre punk et dub, reggae et hip-hop, le chanteur d’Irun a toujours tissé sa toile musicale comme on mène un combat : avec conviction, colère et poésie.

L'affiche officielle du festival 2025
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Muguruza, c’est aussi une histoire d’amour longue avec EHZ. Il fut l’un des piliers du label Esan Ozenki, qui dès 1992, soutint la création de l’association Piztu, laquelle fondera le festival quatre ans plus tard. Esan Ozenki, et sa déclinaison Gora Herriak, a fait tourner toute une génération d’artistes engagés, de Zebda à Banda Bassotti, en passant par Ruper Ordorika ou EH Sukarra. EHZ est né dans cet esprit-là, et Muguruza y a posé la première pierre.

Ce concert 2025 sera son septième passage sur scène à EHZ, et pas des moindres : après avoir rempli le stade Anoeta de Saint Sébastien il y a quelques jours (30 000 personnes !), il offrira un concert de deux heures, dans une version plus intime mais non moins intense. Promis, le sound system fera trembler la vallée.

Errobi, 50 ans et toutes ses dents

Si Muguruza représente l’insurrection sonore des années 80-90, Errobi, c’est la mémoire vibrante des années 70. Fondé en 1974, ce groupe de rock progressif a mis les doigts dans la prise pour électriser une musique basque encore très traditionnelle à l’époque. Avec les textes de Daniel Landart, poète de l’exode rural et des combats identitaires, Errobi a donné une voix aux préoccupations sociales et culturelles d’un peuple en mutation.

Après avoir mis fin à l’aventure en 1985, le duo Mixel Ducau et Anje Duhalde a relancé la machine en 2024 pour célébrer leur demi-siècle d’existence. À Bayonne, leur concert à guichets fermés à la salle Lauga a montré que leur public ne s’était pas dissous dans le passé. À EHZ, c’est le dimanche 29 juin à 18h45 que les guitares d’Errobi gronderont à nouveau, devant un public transgénérationnel. Une transmission en direct.

Un festival nourri à la terre et aux bras

Comme toujours, EHZ n’existerait pas sans les 500 bénévoles qui construisent, démontent, nettoient, cuisinent, montent les scènes, gardent les accès, accueillent les artistes et les festivaliers. C’est toute une communauté qui s’active dans l’ombre pour que la lumière jaillisse trois jours durant. Le montage a déjà commencé, et chacun peut rejoindre l’aventure via le site ehz.eus.

Le festival s’ancre aussi dans le terroir, au sens propre. Avec Euskal Herriko Laborantxa Ganbara (EHLG), le traditionnel Zikiro (méchoui) rassemblera paysans, éleveurs et producteurs sous chapiteau pour faire rimer plaisir gustatif et agriculture durable.

Cette année encore, EHZ réaffirme sa volonté d’être un lieu sûr, ouvert et inclusif. Un protocole est mis en place pour prévenir et réagir à tout comportement machiste, raciste ou homophobe. Le respect n’est pas un supplément d’âme : c’est le socle d’une fête réussie.


Sébastien Soumagnas

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