Il y a dans l’histoire de Cartonnages Larré une trame solide entre tradition et innovation. À Bayonne, depuis plus de cent ans, cette entreprise familiale plie, découpe et façonne l’emballage à la mesure de son époque. Installée aujourd’hui dans le quartier Saint-Étienne, la PME poursuit son développement à vive allure et prévoit une extension de 50 % de sa surface de production. Une montée en puissance pensée dans le respect de son environnement, à la fois naturel, humain et industriel.
Du chapeau à la barquette
Tout commence au début du XXe siècle, dans le Petit Bayonne. Une grand-mère confectionne des coffrets à chapeaux dans un petit atelier. Le flambeau est ensuite repris par son époux, qui oriente l’activité vers les boîtes à chaussures. Puis, à la faveur des années 1970, le père décroche un marché avec Adidas, à Tyrosse. Les boîtes à crampons s’empilent, et les souvenirs aussi. Hugues Larré, aujourd’hui directeur général, se remémore avec une touche de nostalgie ces premières boîtes devenues icôniques. Depuis, la maison a tourné la page du prêt-à-chausser pour se concentrer sur l’emballage alimentaire.
Ce repositionnement s’est imposé comme une évidence, portée par le dynamisme du secteur agroalimentaire dans le Sud-Ouest. Le site bayonnais, désormais spécialisé, produit chaque année 7 000 tonnes d’emballages, soit quelque 150 millions de contenants. Un chiffre vertigineux, à la mesure d’une industrie qui doit conjuguer rigueur et souplesse : produire en masse, sans perdre l’art du sur-mesure. Hugues Larré explique que si la fabrication est industrielle, elle demeure malgré tout sur mesure, chaque emballage étant calibré, designé et ajusté en fonction des besoins spécifiques des clients.
Une machine de guerre bien huilée
Dans les 5 000 m² d’ateliers, ça déroule, ça plie, ça colle, ça imprime. Dernière arrivée sur la ligne, une presse offset japonaise Komori, petit bijou technologique, imprime à grande vitesse les visuels sur les feuilles de carton. Le directeur général souligne que les lignes de production peuvent atteindre des cadences impressionnantes, allant jusqu’à 18 000 feuilles par heure. Mais la rapidité ne fait pas tout : sur certaines machines, comme la découpe, le temps de calage peut atteindre trois quarts d’heure, pour une durée équivalente de production. La précision avant la cadence.
Aux côtés de grandes enseignes comme Carrefour ou Picard, d’autres marques à forte identité locale ont choisi Cartonnages Larré pour valoriser leur image. C’est le cas de Quinoak, avec sa gamme de desserts Baskalia. Son président, Thomas Breuzet, ne cache pas son enthousiasme : « Nos desserts artisanaux sont désormais emballés dans des nouveaux cartons colorés et impactants ! » Pour lui, le packaging est bien plus qu’un écrin : « Pour faire passer notre message de produits locaux, authentiques, il nous fallait une image qui nous ressemble. Cartonnages Larré a su sublimer cette identité. »
Dans les cartons, une stratégie éco-conçue
Au-delà des chiffres et des machines, c’est la vision de long terme qui imprime sa marque dans les cartons Larré. L’entreprise s’inscrit depuis des années dans une démarche environnementale active. L’ensemble des cartons utilisés est recyclable, les encres sont à base d’huiles végétales, et la colle est compatible avec un usage alimentaire. Mieux encore, 100 % des déchets cartons générés pendant la production sont valorisés.
Certifiée BRC pour l’hygiène et la sécurité alimentaire, l’entreprise cumule aussi les labels qualité (ISO 9001), FSC (gestion durable des forêts) et Imprim’Vert (gestion des déchets, non-toxicité des produits, sensibilisation environnementale). Des engagements concrets, qui ne sont pas que des arguments marketing. Alexandre Vigneron, PDG du groupe Onoré, confirme l'importance du partenariat avec Cartonnages Larré, précisant que son entreprise compte environ 300 références avec le fabricant bayonnais, dont la moitié sont certifiées FSC. Pour lui, ces engagements reflètent des valeurs essentielles, pleinement partagées avec ses partenaires. Cette démarche responsable est un socle solide pour aller plus loin : « Nous avons eu d’excellents échanges sur les perspectives de marché, l’innovation, la RSE. Une rencontre passionnante, qui nous permettra, je l’espère, d’accélérer le partenariat avec le Groupe Onoré. »
De son côté, Hugues Larré se dit particulièrement attaché à la dimension environnementale du cycle de production. Il insiste sur le fait que, bien trié, le carton peut être recyclé jusqu’à sept fois, et que tout est mis en œuvre pour garantir une chaîne aussi vertueuse que possible, depuis la conception jusqu’à la livraison.
Objectif 2030 : croissance durable
L’avenir de Cartonnages Larré est déjà dans les cartons. L’entreprise prévoit dans les prochaines années une extension de son site de production, avec 50 % de surface supplémentaire. Un développement qui permettra de répondre à la croissance de la demande, notamment à l’export, tout en consolidant l’ancrage local de l’entreprise.
Pas question de délocaliser ou de céder aux sirènes de la sous-traitance lointaine. À Bayonne, on reste fidèle à l’ADN familial : produire localement, tout en se projetant globalement. Les recrutements sont envisagés, les investissements suivront. Le développement durable ne sera pas une option, mais une condition : toute croissance devra respecter les engagements environnementaux et sociaux qui font la réputation de l’entreprise.
Dans un monde où l’emballage est devenu un vecteur de sens, Cartonnages Larré continue de tracer son chemin, feuille après feuille. Et c’est du solide.
Sébastien Soumagnas
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