Il y a parfois des évidences qui poussent toutes seules, comme une herbe folle dans un sillon oublié. C’est le cas des Méca-Culturales 2025, un salon inédit qui réunira pour la première fois deux grands acteurs du monde agricole : Arvalis, Institut du végétal, référence nationale en matière de recherche appliquée, et les CUMA du bassin de l’Adour, piliers de la coopération matérielle dans le Sud-Ouest.
L’idée est née d’un calendrier fertile : en 2025, les Culturales, rendez-vous d’Arvalis, devaient se tenir dans le Sud-Ouest, au même moment qu’un autre événement majeur, MécaMaïs, organisé par les CUMA. Plutôt que de se marcher sur les plates-bandes, les organisateurs ont choisi de rassembler leurs sillons. « Conjuguer les deux événements s’est vite imposé comme une évidence », confirme Clémence Aliaga, coresponsable de l’organisation.
Le résultat ? Les Méca-Culturales 2025, programmées les 10 et 11 septembre sur plus de 20 hectares à Saint-Agnet, un petit village landais qui deviendra le temps d’un week-end la capitale des cultures d’été.
Arvalis et Cuma : labourer ensemble
L’union de ces deux structures apporte à l’événement une complémentarité rare. D’un côté, Arvalis, créé par et pour les agriculteurs, fort de ses stations expérimentales, de ses équipes de chercheurs et de ses références techniques. De l’autre, les CUMA (Coopératives d’utilisation de matériel agricole), qui incarnent la mutualisation, la solidarité et l’efficacité sur le terrain.
« Les Méca-Culturales, c’est le salon agricole professionnel de la rentrée 2025 », affirme Jean-Marc Schwartz, président d’Arvalis. « Ce sera un salon au champ inédit où les dernières innovations techniques et agronomiques dédiées aux cultures d’été rencontreront le meilleur du machinisme agricole ».
Un enthousiasme partagé par Fabrice Casteraa, président de l’association des CUMA du bassin de l’Adour : « L’originalité de cette initiative est d’associer compétences agronomiques et machinisme pour une édition inédite. Pour l’occasion, le maïs nouveau sera au rendez-vous ! ».
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Un champ d’innovations grandeur nature
L’événement sera structuré autour de trois grands pôles techniques, véritables parcelles pédagogiques en plein air.
Le Pôle Filières - Pour relier les pratiques agricoles aux débouchés, du maïs au sorgho, en passant par le maïs doux ou les légumes du Sud-Ouest. Les visiteurs pourront y rencontrer acheteurs, coopératives et organisations spécialisées, afin de comprendre comment qualité et marchés s’imbriquent.
Le Pôle Systèmes - Pour analyser l’agriculture à l’échelle de la rotation. Climat, carbone, biodiversité, énergie : autant de thèmes abordés pour aider les agriculteurs à bâtir des systèmes durables et rentables.
Le Pôle Cultures - Pour descendre dans le détail des itinéraires techniques, avec un focus particulier sur le maïs. De la sélection variétale à la lutte contre les adventices, en passant par l’irrigation et la fertilisation, les visiteurs trouveront des réponses concrètes, appuyées par les derniers outils numériques et de biocontrôle.
« Notre objectif est que chaque questionnement puisse trouver une réponse concrète », souligne Clémence Aliaga. « Nous avons imaginé un dispositif très visuel, avec vitrines végétales, fosses pédologiques et démonstrations dynamiques ».
Semer des réponses aux défis climatiques
L’innovation ne se limite pas aux machines rutilantes. Elle se niche aussi dans les sols, les rotations, les pratiques. Les Méca-Culturales accorderont une large place aux enjeux climatiques, qui pèsent déjà lourd sur les cultures d’été.
« Les producteurs trouveront des réponses pour s’adapter au changement climatique, renforcer la productivité ou dépasser certaines impasses techniques », insiste Jean-Marc Schwartz. Des ateliers proposeront par exemple de diagnostiquer l’impact d’une exploitation sur la biodiversité, d’explorer les possibilités offertes par l’agriculture de conservation des sols ou encore de découvrir les perspectives de diversification dans l’énergie, notamment grâce à la méthanisation.
Pour Richard Finot, coresponsable de l'organisation avec Clémence Aliaga, cette approche globale est indispensable : « Depuis quelques années, les agriculteurs placent le respect du sol au cœur de leurs priorités. Et quel est le point commun entre l’agronomie et le machinisme ? Le sol ! ».
Démonstrations : quand le métal rencontre la terre
C’est l’un des moments les plus attendus : voir les machines entrer en action. Moissonneuses, semoirs, outils de travail du sol et robots autonomes viendront labourer, semer, récolter sous les yeux des visiteurs.
Trois grandes thématiques structureront ces démonstrations.
Semis : avec une attention particulière portée aux semoirs monograines de précision, capables de semer à grande vitesse ou en quinconce. Mais gare aux effets de mode : « Les experts aideront les agriculteurs à distinguer la vraie innovation des simples tendances », précise l’organisation.
Travail du sol : fosses pédologiques et démonstrations permettront d’observer l’impact des outils sur la structure des sols, et de montrer l’intérêt des couverts végétaux comme outil à part entière.
Récolte : avec une dizaine d’outils en démonstration, du maïs au tournesol, du soja au sorgho. Les visiteurs apprendront à ajuster leurs réglages pour optimiser à la fois la qualité et le débit de chantier.
« Les agriculteurs pourront recueillir tous les conseils et l’expertise nécessaires, notamment sur les réglages, l’organisation des chantiers ou encore le choix des pneumatiques », détaille Julien Joubert.
Les nouvelles pousses
Les Méca-Culturales accorderont également une place de choix à la robotique agricole. Solutions de désherbage autonome, porte-outils intelligents, robots polyvalents : la révolution numérique se joue aussi dans les champs. « Nous voulons montrer concrètement comment l’intelligence artificielle et la robotique peuvent épauler les agriculteurs », explique Clémence Aliaga.
Des mini-conférences viendront compléter ces démonstrations pour aborder les enjeux liés à la sécurité, à la rentabilité et à l’adaptation de ces nouveaux outils.
Moisson collective et coopération locale
Au-delà des engins et des expérimentations, l’événement se veut aussi une grande fête collective. Car l’agriculture, surtout dans le Sud-Ouest, est avant tout une affaire de solidarité et de partage. « L’approche collective est souvent la solution permettant d’avoir un accès à de nouvelles techniques, par partage d’expériences et de matériels », rappelle Fabrice Casterea. Dans un contexte où la modernisation impose des investissements lourds, la mutualisation des CUMA reste une voie royale pour rendre l’innovation accessible.
Près de 12 000 visiteurs sont attendus : agriculteurs, techniciens, conseillers, mais aussi étudiants et scolaires. « Les Méca-Culturales sont avant tout un lieu d’échange et de partage », insiste Richard Finot.
Les Méca-Culturales, au-delà d'être un salon, elles sont une graine semée dans le champ de l’avenir agricole. Une vitrine où se croisent la recherche, la pratique, la coopération et l’innovation. « Agricultrices et agriculteurs, professionnels du machinisme et de nos filières agricoles, nous vous attendons nombreux », lance Jean-Marc Schwartz.
À Saint-Agnet, le 10 et 11 septembre prochains, il ne s’agira pas seulement de montrer des machines ou de discuter techniques. Il s’agira d’écrire ensemble un nouveau chapitre, de tracer un sillon commun où la science et la pratique, la tradition et l’innovation, labourent côte à côte. Car comme le dit joliment Julien Joubert : « Les Méca-Culturales, c’est le plus grand événement au champ organisé en 2025 au sud de la Loire ».
Sébastien Soumagnas
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