N.BSans pour autant être une tête brûlée, Aurélie Cardet aime les défis et sortir de sa zone de confort. Elle a d’ailleurs eu de nombreuses vies professionnelles.
« Rien n’était écrit d’avance, mon parcours s’est forgé au fil des rencontres et de projets passionnants auxquels j’ai eu envie de participer. Je suis très curieuse professionnellement, je vais là où il me semble que j’ai des choses à faire, où mon expérience passée peut être utile », retrace Aurélie Cardet.
Diplômée en gestion et sciences politiques, elle a débuté son parcours atypique à la Chambre de Commerce et d’Industrie Pau Béarn, en tant que chargée d’études économiques. Elle y rencontre Pierre Croci, alors directeur du Réseau Entreprendre Adour et qui cherchait à étoffer son équipe.
« J’ai eu envie de connaître l’économie locale par ceux qui la font. D’aller dans le pratico-pratique. Je l’ai rejoint en 2007 pour être au contact des entrepreneurs et en 2011, Pierre souhaitait passer la main. De 2012 à 2021, j’ai donc dirigé le Réseau Entreprendre Adour, avec un immense plaisir ».
Même si la Béarnaise se plaît dans cette fonction, l’envie d’un nouveau défi professionnel la démange. David Pouyanne, alors directeur général du Groupe Essor, était dans la même situation.
Venant de racheter les Chalets d’Ossau, à Gourette, il pense rapidement à Aurélie Cardet pour mener à bien la rénovation de l’ensemble immobilier, mettre en place l’exploitation hôtelière et assurer le développement commercial. Pendant trois ans, elle s’est donc investie pour rénover les 45 chalets et faire naître la marque Iskö (lire notre précédent article).
« Je n’ai pas hésité une seconde. D’une part parce que je suis originaire de la vallée d’Ossau, et de l’autre, car j’avais envie de faire un bout de chemin professionnel avec lui. Le projet était aussi hyper intéressant. Même si je n’avais aucune expérience dans le secteur de l’hôtellerie, j’ai tout de suite vu le potentiel de ce projet. En parallèle de ma prise de poste, j’ai suivi une formation (Executive MBA) qui m’a donné tout le cadre pratique et technique. Ça a été une révélation pour moi, j’ai adoré ce monde, où les détails sont hyper importants. Ça a été une période très dense, très formatrice et une ouverture professionnelle incroyable », souligne Aurélie Cardet, qui se considère comme une « femme du service, de la satisfaction client ».
Une nouvelle étape pour Cinquau, entre tradition et modernité
Il y a quelques mois, Aurélie Cardet a le sentiment du travail accompli. L’objectif est rempli, alors elle se cherche un nouveau défi. Connaissant bien Pierre Saubot (elle a notamment été sa première cliente de l’espace réceptif en 2007 avec le Réseau Entreprendre Adour), entrepreneur infatigable et directeur du Domaine du Cinquau depuis près de 40 ans. Elle se présente dans son bureau pour lui présenter sa vision et son ambition pour le domaine viticole.
« Je me suis rendu compte que nous partagions la même vision : nous voulons tous les deux que le Béarn gagne en assurance dans le cadre de sa promotion commerciale. On fait bien les choses, mais toujours avec discrétion. Aujourd’hui, nous ne devons pas avoir peur de faire parler de nous, en France, mais surtout à l’étranger. Pierre cherchait à passer la main et m’a fait confiance pour poursuivre ce beau projet, entre continuité et développement commercial. Mon objectif est clair : faire connaître le Jurançon et les vins du Cinquau au-delà des frontières, en allant chercher de nouveaux marchés. Il ne faut pas avoir peur de s’ouvrir à de nouveaux horizons ».
Le Domaine du Cinquau possède une histoire profondément enracinée, avec des archives écrites attestant de sa production viticole dès 1620. La propriété familiale située à Artiguelouve remonte à 1617.
Mémoire vivante de cet héritage, Pierre Saubot s'est activement engagé pendant près de quatre décennies à redonner à l'appellation Jurançon son prestige d'antan et à faire rayonner l’or liquide au-delà des frontières régionales et même de l’Hexagone.
« Pour moi, le vin est un élément très rassembleur et fédérateur : il accompagne tous les moments conviviaux, ceux qui comptent dans la vie. A Cinquau, nous avons le vin et les espaces réceptifs, qui sont deux pôles très complémentaires, car nous pouvons faire venir le monde dans le Jurançon grâce à la partie réception et leur faire goûter nos vins, pour ensuite les exporter et les faire rayonnes dans le monde entier », confie-t-elle.
Des vins d’exception et d’innovation
Sur 16 hectares, le Domaine du Cinquau cultive du petit et gros manseng et du petit courbu. L’an dernier, 50.000 bouteilles produites et depuis 2022, il est engagé dans un processus de conversion à l'agriculture biologique.
« Je considère ce domaine comme une belle endormie : son histoire et ses vins sont incroyables, mais il n’a pas encore atteint son plein potentiel. Il faut le faire savoir et faire vivre le domaine », assure la nouvelle directrice.
En tout, son offre s'étend sur une gamme complète de neuf vins, témoignant de sa polyvalence et de sa maîtrise de l'appellation Jurançon. Cette offre comprend trois Jurançon Secs, trois Jurançon Moelleux, une cuvée de vendanges tardives, summum de la douceur et de la concentration.
Les vins du domaine expriment toute la richesse aromatique du terroir : fraîcheur, fruits exotiques, notes florales et épicées, avec un équilibre qui fait la signature des Jurançons du Cinquau.
« Je ne suis pas ici pour travailler sur les vins. J'ai pris la suite de Pierre Saubot avec humilité et j'apprend petit à petit. Et il faut rendre à César ce qui est à César : Axel Robert, le maître de chais et responsable d’exploitation, fait un travail incroyable, avec des vins exceptionnels multirécompensés. On travaille main dans la main pour orienter les cuvées et le commerce du vin », ajoute-t-elle.
Loin de rester sur ses acquis, le Domaine du Cinquau n’hésite pas à innover. Il a ainsi créé deux mousseux (en brut et en rosé), mais aussi une cuvée innovante à 15 degrés à partir de blanc sec. Plus récemment, ses équipes ont également travaillé sur un vin rouge, dont la recette est en cours d’affinage.
Mais l’une de ses actualités les plus remarquables, c’est l’expérience de vieillissement d’une de ses cuvées dans la grotte de la Verna, aux côtés de celle du Domaine Coustarret. Ce lieu fait partie des dix plus grandes cavités souterraines au monde et la première aménagée pour accueillir le grand public.
Ainsi, deux dames-jeannes en verre, de 54 litres chacune, seront entreposées dans un couloir d’accès à la Grotte durant au moins deux années. Température et pression constantes, altitude, noir complet, silence sépulcral, expression majuscule de processus lents, la grotte fait figure de « chai idéal ».
Offrir un service événementiel clé en main
Sous l’impulsion de Pierre Saubot, le Domaine du Cinquau a mis en place plusieurs espaces de réception exceptionnels, nichées au cœur de ses vignobles pittoresques. Cinquau est devenu au fil du temps un lieu très recherché pour les célébrations privées, en particulier les mariages ainsi que pour les rassemblements professionnels tels que colloques, assemblées générales et séminaires.
Ses espaces polyvalents peuvent accueillir des événements de 20 à 600 invités, offrant une grande flexibilité pour diverses échelles de rassemblements. Plusieurs configurations d'événements sont possibles, notamment le Vin d'honneur, les réceptions, les cocktails, les buffets et les dîners formels.
Il y a tout d’abord le Chai Gascogne, une grande salle de 630 m² située au cœur des chais, offrant une acoustique impeccable, un magnifique plafond en bois et un accès direct à une vaste cour avec des vues panoramiques sur le vignoble.
Plus petite et intimiste, la Salle des Cadets (120 m²) se caractérise par une architecture traditionnelle, qui s'étend sur la charmante terrasse Cyrano, offrant des vues sur les vignobles de Petit Manseng. Enfin, le Théâtre des Vignes offrant un cadre incomparable pour les événements culturels et les cérémonies en tous genres.
En 2022, le Domaine a décidé de doubler sa capacité d’hébergement. En reprenant le restaurant le Kildara à l’entrée de la propriété. Après deux ans de travaux, il est prêt à accueillir ses premiers visiteurs.
Aujourd'hui, il dispose de trois gîtes confortables et d’un dortoir, pouvant accueillir collectivement jusqu'à 60 personnes. Ces hébergements offrent une autonomie avec des options de petit-déjeuner et de plateaux-repas pour le dîner.
« Grâce à mon expérience chez Iskö, j’ai appris à aller au bout de l’expérience client. C’est ce que je veux mettre en place pour la partie réceptive du Cinquau : un service au petit oignon pour que le client se sente bien et compris. Nous voulons développer des packs complets (restauration, activités, hébergements…), avec un service clé en main pour la partie événementielle. Nous sommes en train de rechercher des partenaires locaux pour animer ces rendez-vous privés. On a encore plein de choses à imaginer », conclut celle qui ira, dès le mois de septembre, au contact des consommateurs et des professionnels, en participants à des salons.
Noémie Besnard
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