On le traverse souvent sans vraiment le voir. On longe ses clôtures, on aperçoit ses grues fixées à l’horizon. Pourtant, le port de Bayonne est l’un des lieux où la production bat son plein, à savoir la vraie, celle qui transforme, transporte, charge, assemble et crée de la valeur. Et s’il fallait un symbole de ce que représente le « produire ici », ce port d’estuaire serait un modèle du genre.
Car la production locale n’est pas une abstraction : ce sont des matériaux, des savoir-faire, des entreprises, des emplois, des générations qui se relaient pour faire vivre un territoire. Et c’est précisément ce que raconte ce site unique, réparti entre Bayonne, Anglet, Boucau et Tarnos : un port qui n’a jamais cessé de grandir, de se réinventer, de moderniser ses quais et de regarder vers l’avenir.
Ici, dans cet immense complexe, plus de 56 entreprises travaillent chaque jour. Ici, près de 3 500 emplois, directs et indirects, s’amarrent à cet estuaire de stabilité économique. Et ici, la production n’est pas un souvenir du passé : c’est un acte quotidien, partagé entre sidérurgie, agroalimentaire, vracs liquides, logistique, énergies marines renouvelables ou encore manutention ferroviaire.
Un port en pleine mutation
Depuis le 1er juillet 2024, une nouvelle gouvernance pilote ce navire stratégique : la Société Portuaire du Port de Bayonne, réunissant la Région Nouvelle-Aquitaine, la CCI Bayonne Pays Basque et la CCI des Landes. Une manière de rassembler les forces vives des deux rives de l’Adour, conscientes que le port irrigue une grande partie de leur économie.
Le fer de lance de cette modernisation, c’est le tout nouveau quai Armand-Gommès, inauguré en 2025. Une infrastructure que Pascal Marty, Président de la société portuaire du Port de Bayonne, qualifie d’« investissement stratégique majeur », pensée pour renforcer la position du port comme « outil logistique et de production de valeur ajoutée au service du territoire ».
Le détail est éloquent : 560 mètres linéaires d’accostage, 2 hectares de stockage supplémentaires, des voies ferrées rallongées, et des grues capables de lever « quatre à dix fois plus de charge » annonce Pascal Marty. Le tout constituant « une augmentation importante de la capacité de traitement des marchandises, une optimisation des opérations logistiques et une meilleure compétitivité », poursuit-il
Derrière cette montée en puissance logistique, l’objectif est on ne peut plus clair : passer de 2,2 millions de tonnes annuelles à 3 millions d’ici 2035. Une ambition partagée par le Président : « Ces nouveaux trafics se traduiront immanquablement par de nouveaux emplois directs, grutiers, dockers, techniciens, ainsi que des emplois indirects, avec un ratio constaté de 2,5 emplois indirects pour 1 emploi direct. »
Dans cette ruche portuaire, chaque quai a son univers. À Tarnos et Boucau, la sidérurgie domine : Celsa France et Laminoir des Landes façonnent l’acier, cherchant une circularité toujours plus poussée, avec un objectif clair : produire propre. Les tôles épaisses destinées à l’éolien offshore y prennent forme, appuyées par un constat fort : « Le savoir-faire local est un atout majeur pour la transition énergétique ».
À Anglet, la zone de Blancpignon alimente le cœur logistique : entrepôts, stockages, connexions mer-rail-route.
À Bayonne, à Saint-Bernard, la logistique et les énergies marines se déploient. Et puis, à Boucau, il y a aussi Maïsica, ses silos, ses 400 000 tonnes de céréales annuelles, ce lien agricole-portuaire qui fait du port un lieu où la terre rencontre la mer depuis 1963.
Un écosystème humain avant tout
Le port, c’est un bassin de vie. Les 1 000 emplois directs s’y croisent chaque jour, renforcés par 2 500 emplois indirects sur tout le Pays basque et le sud des Landes.
Là encore, les évolutions récentes jouent un rôle structurant : « Nous avons construit et armé notre propre drague, investi dans un second remorqueur et créé 21 emplois maritimes locaux » souligne Pascal Marty, avec une maintenance désormais réalisée sur place, créant « de la valeur et des emplois directs et indirects » supplémentaires.
Chaque amélioration, que cela soit le dragage, les remorqueurs, les hangars ou les voies ferrées, nourrit un cercle vertueux : plus de trafic, plus d’activité, plus d’emplois, plus de compétences pour les jeunes en formation technique, dont le port manque déjà.
Depuis vingt ans, le port de Bayonne est un modèle français des certifications Qualité - Sécurité - Environnement. Il fut le premier port concédé à obtenir cette triple labellisation... et surtout à la maintenir. Aujourd’hui, les ambitions sont encore plus fortes. « Notre stratégie est claire : industrialiser et décarboner nos activités », martèle le Président.
Cela passe par les nurseries à poissons, la renaturation des berges, un dragage raisonné, mais aussi par une nouvelle approche des flux, dans le cadre de l’Écologie Industrielle Territoriale : « Les énergies produites par les uns peuvent être valorisées par les autres. Nous travaillons à ces synergies avec tous les acteurs », explique M Marty. Sur le volet énergétique, le port assume son rôle de hub de transit, de lieu de production, et de futur pilier de l’éolien en mer grâce au savoir-faire local.
ICI, on produit la vie… et on la construit sur 40 ans
Avec un plan d’investissement d’au moins 200 millions d’euros sur quarante ans, le port s’engage dans une profonde transformation. Une stratégie assumée selon Pascal Marty : « À l’avenir, le port devra jouer un rôle crucial pour la souveraineté économique et les emplois productifs du territoire. »
Dans un monde où les chaînes logistiques se tendent et où la décarbonation devient impérative, Bayonne avance avec un cap clair : devenir un port moderne, diversifié, compétitif, capable d’accueillir de nouveaux trafics et des industries émergentes.
Dans le cas du port de Bayonne, notre rubrique montre bien que produire ici, c'est produire la vie. Parce que sans ce port, sans cette ruche d’activités, sans cette base industrielle, tout le territoire serait un peu plus fragile.
Le port, lui, continue d’avancer en tenant bon la barre, un pied dans la tradition industrielle, un autre dans l’innovation écologique, et avec une conviction commune, à savoir que « l’avenir se construit sur le terrain, avec des métiers concrets et des savoir-faire bien ancrés ».
Sébastien Soumagnas
ICI, on produit la vie
Désormais, chaque mercredi, vous retrouverez cette rubrique : un rendez-vous hebdomadaire inédit pour défendre les métiers de production. Des témoignages, des reportages, des interviews, des dossiers permettront de porter cette CAUSE majeure, pour la faire avancer.
À lire, les premiers articles de cette rubrique
Un rendez-vous hebdomadaire inédit pour défendre les métiers de production
Artzainak à Mauléon : les bergers d’une production indépendante
La Ferme Elizaldia : au cœur de Gamarthe, l’agro-pépite se bâtit de génération en génération
Créer une nouvelle dynamique autour de la fierté « industrielle »
L’IzarFamily invente une dimension humaine pour les télécoms et le numérique
Quand la maroquinerie fait vivre un atelier, un village, un pays
Tannerie Carriat : le cuir solide et la créativité éclatante
Un défi majeur à relever ensemble…
Plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui produisent au Pays Basque montrent la voie. On pense souvent à quelques fleurons industriels, à des grands groupes, mais une multitude de femmes et d’hommes font partie de l’aventure production, avec des structures de toutes tailles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Tous méritent d’être encouragés.
A travers cette rubrique « ICI, on produit la vie », PresseLib’ veut animer une communauté, en favorisant des solidarités, en encourageant la partage d’expériences, en incitant aux transmissions, en faisant bouger les lignes, en faisant émerger des solutions nouvelles… Bref, en créant une dynamique inédite.
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