C’est un refrain bien connu sur la Côte basque : chaque été, les touristes affluent, les plages se remplissent, les terrasses débordent... mais les saisonniers, eux, peinent à se loger. Alors que l'économie de la glisse, du tourisme et de la restauration carbure à plein régime de juin à septembre, trouver un toit à prix raisonnable devient un véritable parcours du combattant pour celles et ceux qui font tourner les établissements. Pénurie de studios, loyers inabordables, meublés touristiques en pagaille : la Côte attire, mais n’abrite plus.
Dans ce contexte tendu, de nombreux employeurs peinent à recruter faute de pouvoir garantir à leurs salariés un logement temporaire. Le phénomène, qui s'aggrave d'année en année, concerne aussi bien les postes de serveurs que d'infirmiers intérimaires ou de jeunes cadres mutés. Le Pays basque, autrefois refuge de la douceur de vivre, devient une zone à haute tension immobilière pour ceux qui n'ont ni CDI, ni dossier bancaire bétonné. Le constat est sans appel : la tension locative est telle qu’elle freine l’activité économique, fragilise les vocations et pousse certains à renoncer à venir travailler ici, faute de toit.
Un toit pour ceux qui bougent
Anglet a inauguré le 15 mai dernier une nouvelle résidence pas comme les autres. Baptisée "L’Estanc", elle se veut la réponse d’un territoire à un enjeu devenu critique : loger les professionnels en mouvement, en particulier ceux qui travaillent en contrat court ou en saison. Dans une région où les loyers s’emballent aussi vite que les locations saisonnières s’arrachent, cette opération prend des airs de soupape bienvenue.
Conçue par le Groupe Pichet pour In’li Sud Ouest, cette résidence s’inscrit dans un contexte de forte pression locative. Salariés en mission, intérimaires, jeunes actifs ou encore saisonniers de la restauration, du commerce ou du tourisme : tous peinent à trouver une solution d’hébergement stable. En misant sur des logements « clé en main », L’Estanc entend baisser la garde des complexités administratives et financières qui freinent tant de parcours professionnels.
Installée au cœur d’Anglet, cette nouvelle résidence propose 148 appartements meublés (du T1 au T2 bis), avec pour ambition d’offrir à la fois flexibilité et qualité. Chaque logement est agencé avec soin : cuisine équipée, salle de bain fonctionnelle, literie confortable, internet inclus, et même quelques balcons privatifs. Un standing moderne, qui ne cède rien au caractère accessible du projet.
Mais L’Estanc ne se contente pas d’empiler des mètres carrés. Ce sont les services qui font toute la différence : une grande terrasse commune, un espace lounge de plus de 200 m² pour télétravailler ou se détendre, des box à vélos et à planches de surf, une laverie sur place, et même un bar-snack. Autant d’équipements pensés pour s’adapter à une population de passage, mais aussi pour favoriser le vivre ensemble. Car si l’habitat est temporaire, l’humain, lui, ne doit pas l’être.
L’écologie comme locataire permanent
Dans l’esprit du projet, l’écologie n’est pas une option. La moitié des besoins énergétiques de la résidence sont couverts par une installation photovoltaïque, réduisant l’empreinte carbone tout en maîtrisant les charges. L’ensemble des loyers est proposé charges comprises, à savoir eau, électricité, internet, assurance, linge de maison, afin d'éviter les mauvaises surprises et simplifier l’installation.
Le marché immobilier basque est devenu si tendu que les initiatives comme celle-ci ne relèvent plus du confort, mais de la nécessité. En offrant une alternative concrète, à prix raisonnable et sans engagement à long terme, L’Estanc permet de fluidifier les parcours professionnels et de répondre à une demande croissante. Ce modèle s’inscrit pleinement dans la stratégie du groupe Action Logement, qui porte le projet via sa filiale In’li Sud Ouest.
La réussite de L’Estanc repose aussi sur la mobilisation des acteurs locaux. La Ville d’Anglet, sous l’impulsion de son maire Claude Olive, s’est engagée aux côtés d’In’li pour rendre le projet possible, en mettant à disposition un terrain idéalement situé à Houndaro, dans un quartier résidentiel vivant et bien desservi. Une manière de montrer que les communes peuvent jouer un rôle décisif face aux enjeux du logement.
La réponse locale à une tension nationale
Anglet, Biarritz, Bayonne : trois noms qui font rêver... mais qui font aussi grimacer nombre de salariés dès qu’il s’agit de se loger. Entre mer et montagne, ce territoire dynamique attire autant qu’il exclut. La résidence L’Estanc entend corriger le tir : à deux pas des plages, au cœur d’un tissu économique dense, elle incarne ce que beaucoup attendaient depuis longtemps, à savoir une offre intermédiaire, fonctionnelle et digne.
L’enjeu dépasse largement les frontières d’Anglet. En France, des milliers de saisonniers ou de salariés en transition sont confrontés à des difficultés similaires. En innovant avec ce modèle de logement temporaire, L’Estanc peut devenir un exemple à suivre. L’équilibre est subtil : proposer des loyers modérés sans sacrifier la qualité, offrir de la flexibilité sans créer de précarité, permettre la mobilité sans déraciner.
À travers ce projet, c’est toute une chaîne d’acteurs publics et privés qui se donne les moyens d’agir. Et dans un secteur du logement souvent embourbé, cela mérite d’être souligné.
Sébastien Soumagnas
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