La crise de la dermatose nodulaire bovine n’est qu’un détonateur supplémentaire. Elle révèle aussi le fossé qui s’est creusé entre ces terriens de paysans que nous aimons tant et des armées de décideurs hors sol, à Paris comme à Bruxelles, que nous ne comprenons plus.
Qui ne serait pas sensible à cette nouvelle colère qui vient des tripes de nos éleveurs ? Imaginons le désarroi de ces familles qui subissent l’immense traumatisme de voir abattre la totalité de leur cheptel pour une seule bête contaminée. Plus qu’une catastrophe économique, c’est une part de leur famille qui disparaît ainsi, par… principe de précaution. Ce sont des années de travail qui s’envolent, et surtout des années à prendre amoureusement soin de leurs animaux qui sont réduites à néant. Alors, quand face à une si profonde détresse, les autorités répondent avec des blindés et des hélicoptères, on ne peut que se révolter avec nos paysans.
Lors de leur dernière colère, on leur avait promis de faire de l’agriculture la priorité des priorités. Or, rien n’a véritablement changé. Les contraintes normatives continuent de pleuvoir sur les agriculteurs, quand des productions étrangères bien moins exigeantes ont portes ouvertes pour envahir nos étals. Sans un changement radical de paradigme pour sauver notre agriculture, les PMP, Petits et Moyens Paysans, ont compris que leur sort était scellé.
D’un côté, on nous annonce, pour 2026, une balance commerciale déficitaire, alors que l’agriculture et l’agroalimentaire représentaient le premier poste d’exportation de la France. Les produits agricoles et alimentaires rapportaient davantage que l'aéronautique, les véhicules et équipements et la chimie. Mais depuis 2022, le repli s’accélère de manière très inquiétante.
De l’autre côté, l’Insee a constaté que, déjà, 26% des agriculteurs vivaient sous le seuil de pauvreté en 2019. Et cela n’a fait qu’empirer depuis. On a appris avec effroi, par la MSA, que plus de 500 agriculteurs affiliés se donnent la mort chaque année. Des chiffres jugés comme sous-estimés. Un rapport du Sénat (2021) met en avant : « la question économique et l'endettement, le sentiment de dénigrement, l'isolement, les relations familiales complexes dans le monde agricole en raison de l'héritage et du poids de la transmission, le modèle agricole lui-même poussant parfois à une course à l'agrandissement, un sentiment de perte de la liberté d'exploiter, la surcharge de travail et le manque de reconnaissance ».
Jean-Jacques Lasserre, président du Département des Pyrénées-Atlantiques, a insisté ce lundi : « Nos agriculteurs ont un besoin immense de reconnaissance. Notre agriculture ne doit être ni sacrifiée, ni stigmatisée, ni manipulée. Elle doit être préservée et protégée car elle est bien plus qu’un secteur économique, elle est le pilier indispensable à la vitalité du monde rural, à l’aménagement des territoires ruraux, à la qualité de notre alimentation… ».
Pourtant, aucun début d’évolution majeure concrète n’est perceptible.
Or, ici, nous mesurons l’enjeu pour nos terres, pour la vie dans nos campagnes, pour notre environnement naturel, pour notre alimentation de haute qualité et pour nos circuits-courts. Qui d’entre-nous n’a pas envie de se battre pour ses voisins paysans, pour ces amoureux des animaux, pour ces précieux soldats de la valorisation de nos terroirs.
Tous fils ou petit-fils, cousins ou neveux, amis ou fans de paysans... Chacun de nous doit se sentir concerné par ce combat pour la vie d’une part de soi-même.






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